Comme vous observiez la lumière du soleil matinal sur le fleuve, la méditation se poursuivait. La lumière même faisait partie de la méditation alors que vous regardiez l’eau brillante qui dansait dans le matin tranquille. Vous ne regardiez pas avec un intellect qui donnait un sens à ce qu’il voyait, mais avec des yeux qui ne faisaient que voir la lumière.

La lumière, comme le son, est un phénomène extraordinaire. Il y a la lumière que des peintres essaient de mettre dans une toile ; il y a la lumière que capte la caméra ; il y a la lumière d’une lampe isolée dans les ténèbres nocturnes, ou la lumière sur le visage d’autrui, la lumière qui gît derrière des yeux.
La lumière que voient les yeux n’est pas la lumière qui flotte sur l’eau ; celle-ci est différente, si vaste qu’elle ne peut pas entrer dans le champ visuel de l’œil.

Cette lumière, telle un son, se mouvait sans cesse – au dehors et en dedans – comme le flux de la mer. Et si vous vous teniez très tranquille, vous alliez avec elle sans le savoir, sans la mesure du temps.
La beauté de cette lumière, tout comme l’amour, n’est pas de nature à être perceptible, ou à être mise en mots. Mais elle était là – dans l’ombre, à l’extérieur, dans la maison, sur la fenêtre de l’autre côté de la route, et dans le rire de ces enfants.

Sans cette lumière, ce que l’on voit est de peu d’importance, car la lumière est tout ; et la lumière de la méditation était sur l’eau. Elle serait là de nouveau le soir, et pendant la nuit, et lorsque le soleil monterait au-dessus des arbres, dorant le fleuve.

La méditation est, dans l’esprit, cette lumière qui éclaire le chemin que prendra l’action ; et sans cette lumière il n’y a pas d’amour.

Krishnamurti

La Révolution du Silence